La pensée positive est-elle la solution ?

08/11/2024

La pensée positive est souvent mise en avant comme une clé du bien-être et de la réussite. On nous dit fréquemment que pour être heureux, il suffit de penser positif. Cependant, pour les personnes qui traversent des périodes de souffrance émotionnelle, comme l'angoisse, la dépression ou la colère, il devient vite évident que cette approche n'est ni simple ni toujours efficace. L'idée qu'il suffit de " choisir " de penser positivement pour résoudre ses problèmes peut sembler réductrice et inapplicable, surtout lorsqu'on se sent dépassé par ses émotions.

Premièrement, c'est quoi une émotion ?

Je tiens à rappeler que nous ne sommes pas nos émotions. Elles ne sont que des messagères, venant nous transmettre des informations importantes sur notre fonctionnement interne. Par exemple, lorsqu'on ressent de la tristesse, il est essentiel de comprendre que cette émotion est un signal, et non une caractéristique de notre identité. Ce subtil mais fondamental écart entre "je ressens de la tristesse" et "je suis triste" permet de prendre du recul et de ne pas se laisser définir par ce que l'on éprouve.

Les émotions font partie intégrante de notre expérience humaine, et elles existent parce que nous sommes vivants. Il est important de se rappeler qu'il n'y a ni émotions bonnes ni émotions mauvaises. Chacune a un rôle et une utilité spécifiques. Par exemple, la colère, à défaut qualifié comme "négative", n'est pas à rejeter ; elle peut au contraire être une source de puissance. Elle nous aide à dépasser nos limites, à renforcer notre détermination, et à poser des frontières claires pour nous-mêmes dans certaines situations.

Une émotion dont le message n'est ni accueilli ni entendu reviendra toujours, de manière de plus en plus marquée, jusqu'à ce qu'elle soit comprise. Il est essentiel d'écouter cette émotion sans jugement, avec bienveillance.

Ainsi, comprendre que les émotions ne sont ni des ennemies, ni des jugements de notre valeur, mais des indicateurs, nous permet de les accueillir avec plus de bienveillance et de les utiliser pour évoluer.

Revenons à nos moutons ... la pensée positive : 

Adopter une pensée positive, c'est souvent se forcer à masquer ses préoccupations, ses doutes et ses émotions négatives. Mais les émotions négatives font partie de notre humanité et peuvent nous fournir des informations importantes sur ce que nous vivons. Ignorer ou supprimer ces pensées n'aide pas à comprendre la source de nos problèmes, bien au contraire. Par exemple, se convaincre que tout va bien lorsque l'on est en colère ou anxieux peut entraîner un sentiment de culpabilité : Pourquoi ai-je ces pensées négatives alors qu'on me dit que je devrais être positif ? Ce que j'appelle l'émotion d'une émotion : nous accumulons des couches d'émotions successives, ce qui peut rendre leur gestion difficile. Par exemple, la culpabilité est souvent un mélange complexe de colère et de tristesse.

En outre, la pensée positive, dans sa forme extrême, peut créer une pression supplémentaire. Cette injonction à penser positif en permanence finit souvent par devenir une nouvelle source de stress. Plutôt que d'apporter du réconfort, elle peut exacerber le sentiment d'impuissance face aux difficultés. Loin de constituer une solution magique, cette approche peut, à long terme, nous détourner de la vraie résolution des problèmes.

Pourquoi une approche plus nuancée est plus adapté à notre bien-être ?

Au lieu de se concentrer uniquement sur des pensées positives, il est essentiel d'adopter une approche plus complète qui prenne en compte toutes les facettes d'une situation, y compris les aspects négatifs, neutres et positifs. Cela permet de mieux comprendre les défis que nous rencontrons et d'identifier des solutions plus adaptées.

Un exemple courant peut être l'anxiété sociale : pour quelqu'un qui craint les interactions sociales, il est difficile d'imaginer que simplement penser positivement changera quoi que ce soit. Ce n'est pas en forçant la pensée que la personne se sentira mieux, mais en comprenant d'où vient cette anxiété et en apprenant à la gérer progressivement. Cela pourrait inclure la reconnaissance de la peur, la confrontation graduée aux situations redoutées, et l'intégration de techniques de relaxation pour apaiser le corps et l'esprit.

Qu'est-ce qui ou qui a provoqué cette émotion en moi ? Qu'est-ce que cela révèle de moi et sur quoi puis-je évoluer pour les prochaines situations similaires ?

Modifier son état d'esprit : une transformation durable

Il ne s'agit pas simplement de penser autrement, mais de modifier profondément la manière dont nous réagissons face à nos émotions. L'un des moyens les plus efficaces pour opérer ce changement est d'adopter une approche plus souple et consciente de nos pensées et émotions. La pleine conscience (ou mindfulness) est une méthode particulièrement utile pour cette transformation. Elle permet de prendre un recul nécessaire vis-à-vis de nos pensées, sans les juger, pour mieux comprendre leur origine et leur impact.

Mais changer de perspective ne se limite pas à la pensée. Il est aussi important de travailler sur nos réactions physiques et comportementales. Prenons l'exemple de l'anxiété : face à une situation stressante, le corps réagit par des tensions musculaires, une respiration rapide, etc. En apprenant à détendre le corps et à réguler ces réactions physiques, il devient plus facile de calmer l'esprit et de mieux gérer l'anxiété.

Pourquoi éviter n'est pas la solution 

En gardant notre exemple de l'anxiété : Il est naturel de vouloir éviter les situations anxiogènes, mais l'évitement maintient l'anxiété et l'aggrave à long terme. Si vous évitez une situation, votre peur ne disparaît pas, elle persiste sous une forme ou une autre. Pour surmonter l'anxiété, il est souvent nécessaire de confronter progressivement ce qui nous fait peur. Cela peut se faire à travers des petits pas, en commençant par des situations plus faciles avant de s'attaquer à des défis plus complexes.

Cette confrontation progressive permet de rétablir un équilibre émotionnel et de réduire la puissance des pensées négatives. Par exemple, si vous avez peur de parler en public, commencez par parler devant des amis ou des collègues de confiance, puis augmentez progressivement la taille de l'audience. Au fil du temps, la situation deviendra moins menaçante et la peur diminuera.

L'importance de l'acceptation et de la bienveillance envers soi-même

Changer d'état d'esprit demande du temps et de la patience. Il est important de ne pas se mettre la pression pour évoluer rapidement. Même les plus petits progrès méritent d'être célébrés, et il est essentiel de faire preuve de bienveillance envers soi-même. Reconnaître que certaines journées seront plus difficiles que d'autres et accepter nos émotions sans jugement est une étape importante pour avancer.

En somme, la pensée positive, bien qu'elle puisse être bénéfique dans certaines situations, ne constitue pas une solution à elle seule. Au contraire, il est nécessaire de prendre en compte l'ensemble de notre expérience, avec ses hauts et ses bas, pour évoluer de manière durable. C'est en abordant les difficultés sous différents angles et en travaillant à transformer nos réactions, tant mentales que physiques, que nous pourrons progressivement retrouver un équilibre intérieur.

Une approche globale pour un mieux-être

Au lieu de chercher à penser positivement à tout prix, pourquoi ne pas adopter une approche plus complète, plus humaine ? Reconnaître ses pensées négatives, les comprendre, puis les transformer de manière progressive, en intégrant des pratiques comme la pleine conscience (ou autres), peut faire une grande différence dans notre quotidien. De petites étapes peuvent entraîner de grands changements. Se libérer des attentes irréalistes de la pensée positive et se concentrer sur un travail intérieur authentique peut ouvrir la voie à un bien-être durable.

Ce développement intègre des éléments plus profonds et variés tout en restant accessible. Il offre également des conseils pratiques pour les lecteurs, ce qui peut les encourager à agir et à mieux comprendre leurs processus mentaux. 

Betty, votre thérapeute.


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